On n’a pas tous les jours l’occasion de confronter deux générations de camions aussi éloignées (et pourtant si proches) que ces deux Mercedes : un 1932A 6x4 de 1975 et un Arocs 3763 8x4 de 2015. Prise en Finlande, cette image est révélatrice des mutations profondes qui ont marqué, ces quarante dernières années, le monde du poids lourd, en général, et les productions Mercedes, en particulier.
Le 1932 était en son temps un must de modernité, moins pour sa mécanique (un gros V10 de 320 ch, dépourvu de suralimentation) que pour sa cabine, révélée deux ans plus tôt, en 1973, sur une toute nouvelle gamme lourde appelée NG (pour Neue Generation ou Nouvelle Génération), dont les premiers modèles commercialisés furent (une fois n’est pas coutume) ceux de la gamme chantier. Elle paraît aujourd’hui bien modeste cette cabine NG, comparée à celle de l’Arocs, immense et un rien « agressive ». Il faut dire que le style furtif de la première ne devait rien au hasard : les responsables de Mercedes l’avaient voulu ainsi qui défendaient alors les vertus d’un design consensuel, aimable, censé améliorer la perception que pouvaient avoir des poids lourds les autres usagers de la route.
Un mot encore sur ce 1932A. Un porteur « 6x4 », écrivions-nous un peu plus haut. Beaucoup d’entre vous, en voyant la photo, ont dû sursauter : l’essieu avant étant manifestement un essieu moteur, ne s’agirait-il pas plutôt d’un 6x6 ? Eh bien non. De plus, l’appellation du modèle, 1932A, est assez déroutante puisqu'elle est celle d’un 2 essieux : 19 pour 19 t, 32 pour 320 ch et A pour Allrad, soit « toutes roues » (sous-entendu motrices ou Allradantrieb). A la base on a donc affaire à un 4x4 transformé en 6x4 par l'ajout d'un essieu-fou suiveur, relevable et à monte jumelée. Une formule très marginale, quasi-inconnue en France, mais qui a eu (et qui conserve encore) des partisans dans certains pays comme la Suisse, l’Autriche ou justement la Finlande. Les Finlandais ont par ailleurs coutume d’appeler les châssis de ce type des 4x4+2, ce qui est très juste et les distingue bien des 6x4 classiques à deux ponts arrière en tandem.
En prime, voici la photo d’un (rare mais pas unique) Renault Kerax en configuration 4x4+2 appartenant à un exploitant suisse. Sur ce modèle, plus actuel, donc un peu plus sophistiqué, le dernier essieu à monte simple est aussi directionnel à basse vitesse.
