Les acteurs de la supply chain s'engagent à « préférer » les ports français

 

La vaste communauté composant la supply chain  s’est engagée le 7 octobre, par la signature d’une charte, à privilégier le passage des marchandises par les ports français. Annick Girardin, ministre de la Mer, et Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, veulent y voir « une opportunité pour rediriger durablement les flux logistiques d’exportation et d’importation vers les principaux axes portuaires français ». En attendant une stratégie portuaire nationale...

Ils sont une bonne vingtaine à avoir signé. Ils représentent la grande famille de la supply chain dans toutes ses composantes, maritime, portuaire, fluviale, ferroviaire et logistique. Et ils ont pris quatre engagements en faveur de la relance de l'activité opérationnelle des ports français : « privilégier le passage des marchandises par les ports français tout en encourageant le recours aux modes massifiés » ; « garantir un niveau d’excellence opérationnelle et mettre en place un outil d’évaluation de la performance portuaire »; « renforcer la compétitivité des ports en privilégiant le dialogue social pour assurer un climat social apaisé »  et « contribuer à la relance en consolidant l’attractivité des ports français ».

Parmi les signataires de ce texte paraphé le 7 octobre à l’Hôtel de Roquelaure qui héberge le cabinet ministériel du ministère de la Transition écologique : Les Agents Maritimes et Consignataires de France (AMCF), Armateurs de France, l'Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), le Cluster maritime français, Entreprises fluviales de France (E2F), la Fédération françaises des pilotes maritimes (FFPM), France Logistique, l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), le Syndicat des transitaires du Havre (STH), TLF Overseas, l'Union maritime et portuaire de France (UMPF), l'Union nationale des industries de la manutention (Unim), l'Union des entreprises de transport et logistique de France (Union TLF), l'Union des ports de France (UPF) et Voies navigables de France. Mais aussi l'Association française du rail (AFRA), le Comité national routier (CNR) et la Fédération nationale du transport routier (FNTR), et des grandes entreprises (Airbus, CMA CGM, Geodis, Louis Dreyfus Armateurs, MSC, Ponant et Renault).

Un énième rapport sur la compétitivité portuaire

Rediriger durablement les flux logistiques

Le texte constitue « une opportunité majeure pour rediriger durablement les flux logistiques d'exportation et d'importation vers les principaux axes portuaires français tout en favorisant l'intermodalité et les transports massifiés », ont souligné, dans un communiqué de presse commun, les deux ministères d’Annick Girardin (Mer) et de la Mer et de Jean-Baptiste Djebbari (Transports)

Annick Girardin a donné pour sa part rendez-vous « pour travailler ensemble dans une période exigeante où la simplification, la fluidité des marchandises, la transition écologique, la digitalisation ne seront pas que de mots ou des concepts lointains, mais la clé de d’une nouvelle France portuaire ».

« C’est un premier pas vers la reconquête des ports français », a réagi dans un communiqué l’Association des usagers de transport de fret (AUTF). L’organisation représentant les chargeurs rappelle qu’en amont de la signature de cette charte, un autre accord a été signé (le 6 octobre) entre les partenaires sociaux pour assurer la fiabilité sociale dans les ports. L’​AUTF souligne aussi « le besoin de démarrer rapidement des projets concrets à différents horizons, certes orchestrée par l'État, mais principalement tirée et mise en œuvre par les professionnels et les acteurs économiques à l'instar de ce qu'a fait 4F dans le fret ferroviaire. »

Dans sa revendication tacite de considérer les ports de commerce comme des maillons stratégiques pour la performance des chaînes d’approvisionnement, l’AUTF n’est pas seule. L’écosystème portuaire, maritime et logistique, a été aussi durement éprouvé que les ports eux-mêmes par les deux crises qu’ils ont connus, grèves de près de deux mois en début d’année auxquelles a succédé la crise sanitaire.  

En attendant une stratégie portuaire

Les professionnels attendent tous la concrétisation de la révision de la stratégie portuaire promise lors du Comité interministériel de la mer (CIMer) de novembre 2018. La dernière feuille de route remonte à 2013 pour les Grands ports maritimes (GPM) métropolitains et à 2016 pour les ports ultramarins.

« L’absence de stratégie favorise la concurrence entre ports français sur certains types de trafics et empêche de coordonner les activités portuaires et logistiques des différentes façades autour d’objectifs communs », indiquait un nouveau rapport publiée en juillet dernier sur la compétitivité des ports français, à l’initiative de la mission sénatoriale sur la gouvernance et la performance des ports maritimes français.

Dans cette charge contre « l’inertie des gouvernements successifs », les sénateurs pointaient à nouveau tous les maux dont souffrent les ports français « en réforme depuis trente ans » alors que pendant ce temps, ses homologues du range européen gagnait du terrain…en France : Rotterdam dessert aujourd’hui l’Est de la France via le Rhin et la Moselle. Anvers dessert le Nord et l’Est de la France via le Rhin et l’Île-de-France. Barcelone concurrence Marseille pour la desserte de l’Occitanie et de la région Rhône-Alpes. Résultat, le trafic des Grands ports maritimes français (GPM), avec Calais, avoisine les 312 Mt quand le seul port néerlandais de Rotterdam affiche les 470 Mt et Anvers, 238 Mt tandis que la part de marché des ports français sur le segment des conteneurs ne cesse de se dégrader.

Sous-investissement chronique

Pour les représentants parlementaires, le sous-investissement chronique dans les ports est comptable de cette situation. Ils restent les parents pauvres des infrastructures de transport avec seulement 3 % de l’enveloppe totale de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).

Pour « réarmer les ports de façon à les replacer au cœur de la compétitivité internationale », la mission sénatoriale demandait notamment la mise en œuvre d’un plan de relance portuaire de 150 M€ par an sur 5 ans et un doublement des moyens consacrés par la LOM au report modal vers les transports massifiés, pour les porter à 5 Md€ sur 10 ans.

En attendant, un comité de pilotage, coordonné par le Cluster maritime français, sera chargé de veiller au respect et suivi des professions de foi manifestées ce 7 octobre.

Adeline Descamps

 

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