80 km/h : opposition d'un syndicat de conducteurs, propositions des sénateurs

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Le gouvernement a programmé en juillet 2018 la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h (au lieu de 90) sur les routes départementales bidirectionnelles sans séparateur de chaussée. Dans son allocution télévisée la semaine dernière, le président de la République a expliqué que la mesure serait expérimentée pendant deux ans avant d'être appliquée définitivement… Le syndicat de conducteurs routiers FO/UNCP s'oppose à cette mesure, tandis que le Sénat propose des aménagements conséquents.


Sur la solution avancée par Emmanuel Macron, les opposants au projet (les associations d'usagers Fédération française des motards en colère et 40 Millions d'automobilistes en tête) expliquent qu'on peut déjà présumer que l'expérimentation serait suivie d'une adoption définitive de la mesure deux ans plus tard. En effet, une telle phase de test a déjà été menée sur quatre portions de routes départementales, durant deux ans. A sa clôture, la Direction à la sécurité routière (DSR) du ministère de l'Intérieur n'a pas produit de bilan. Cela ne l'a pas empêchée de persuader le Premier ministre de généraliser cette baisse de limitation de vitesse à tout le territoire.

En ce mois d'avril, alors que la baisse de limitation de vitesse est annoncée depuis plusieurs mois, la DSR produit enfin un bilan, par le biais de son Observatoire (ONISR). Elle explique dans un communiqué que : "Les routes bidirectionnelles qui drainent le plus fort trafic et relient des points stratégiques, alors que l’on croit que ces routes sont les plus sûres, en réalité ce sont celles qui enregistrent le plus d’accidents mortels. Toutes les études successives confirment que les bénéfices d’un abaissement de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h seront en large part obtenus sur ces routes-là. Le choix qui a été fait d’abaisser la vitesse de 10 km/h sur la plus grande partie de ce réseau est donc pleinement conforté".

Retrouvez le rapport de l'ONISR en cliquant sur ce lien.

Expérimentation biaisée


Mais ce discours a du mal à passer chez les usagers de la route. Le syndicat de conducteurs routiers Fédération Nationale des Transports et de la Logistique FO/UNCP s'oppose à la baisse de limitation de vitesse à 80 km/h : "Tout d’abord cela s’appuie sur une expérimentation totalement biaisée, non exemplaire où les professionnels de la route n’ont pas été associés, déplore le communiqué de FO/UNCP. Ensuite, quand on conduit un véhicule lourd tous les jours sur nos routes de France, on voit ce qui s’y passe. Faire rouler des véhicules légers à la même vitesse que des véhicules lourds est, pour nous professionnels de la route, encore plus accidentogène et plus stressant. En effet, beaucoup de véhicules légers vont rencontrer des difficultés de dépassement et à la sortie vont se rabattre sur « les moustaches » des véhicules lourds. Cela n'est pas acceptable !"

Occupez-vous de l'entretien des routes !


Le syndicat préférerait que les autorités locales et nationales s'attachent à améliorer l'entretien des routes : "Le gouvernement nous annonce 300 à 400 morts en moins par an sur une expérimentation tronquée ; mais que font le gouvernement, les régions, les départements quand les routes sont des champs de patates ? Que font-ils pour équiper nos routes de barrières anti-encastrement ?" La Fédération Nationale des Transports et de la Logistique FO/UNCP soutient "sans réserve" la Fédération Française des Motards en Colère et les associations d'automobilistes dans cette revendication : "Non aux 80 km/h".

Les Sénateurs en première ligne


Au Sénat, un groupe de travail sur la sécurité routière a été créé. Michel Raison (Haute-Saône – Les Républicains), Jean-Luc Fichet (Finistère – Socialiste et républicain) et Michèle Vullien (Rhône – apparentée Union Centriste), membres de ce groupe, ont constaté qu'il était nécessaire de : "donner une nouvelle impulsion à la politique de lutte contre l’insécurité routière, et de mettre l’accent sur la prévention des comportements à risques. Nous regrettons la décision du gouvernement de réduire à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur les routes à double sens sans séparateur central à compter du 1er juillet 2018, qui a été annoncée sans concertation avec les acteurs concernés, au premier rang desquels les départements et les usagers.

Comme l’a reconnu le Premier ministre, cette décision ne peut être justifiée par les résultats de l’expérimentation, bien trop limitée, conduite entre 2015 et 2017 sur quelques tronçons de routes secondaires. Plutôt que d’appliquer la réduction de vitesse de manière uniforme, nous proposons qu’elle soit décentralisée au niveau des départements, afin de l’adapter aux réalités des territoires, et qu’y soient associés les acteurs pertinents, afin d’en favoriser l’acceptabilité et l’efficacité".

Les membres du groupe de travail proposent ainsi, pour assurer l’efficacité d’une telle mesure, d’appliquer la réduction à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée aux routes les plus accidentogènes dont l’inventaire devra être fait d’un commun accord entre les préfets et les présidents de conseil départemental. L’organisation de conférences départementales de la sécurité routière, co-présidées par ces deux autorités, permettrait, d’assurer une large concertation.

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