Portugal : routiers et transporteurs menacent de paralyser le pays

Les routiers et transporteurs portugais vont-ils bloquer leur pays à partir de la semaine prochaine ? Depuis le 28 mai au matin, ces derniers, soutenus par l’Association nationale portugaise de transporteurs (ANTP)* qui représente les petites et moyennes entreprises du secteur, ont lancé plusieurs opérations escargot et barrages sur les routes principales et aux frontières. D'une durée indéterminée, celles-ci sont pour le moment sporadiques mais pourraient s’intensifier dans les prochains jours. Ils entendent ainsi dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, suite aux mesures prises lors de la crise de 2008 (hausse du carburant et des taxes, remise en cause des règles de marché). Ils réclament la régulation du secteur, l’indexation des coûts de transport sur le prix du carburant, l’amélioration des conditions de travail des chauffeurs, l’octroi de remise sur les péages, la création d’un secrétariat d’État exclusivement dédié aux transports, et de ramener le délai de paiement obligatoire à 30 jours. 

La grogne a démarré sur Facebook


La particularité de ce front commun entre les chauffeurs et les entreprises de transport est qu’il n’a été initié ni par les syndicats de conducteurs, ni par les organisations professionnelles du secteur. Tout a débuté le 23 mai sur les réseaux sociaux avec la création d’un groupe Facebook intitulé « Blocage du Portugal ». Celui-ci a très vite pris tellement d’ampleur qu‘une sorte d’assemblée générale des membres s’est tenue trois jours plus tard à Porto de Mós près de Leiria. Et c’est au cours de cette réunion qu’a été prise la décision de lancer des opérations de blocage des routes. « C’était le seul moyen d’être écouté et d’obtenir des avancées rapides du gouvernement », précise Ricardo Canelas, un des administrateurs du groupe en ligne.  Ce n’est que le lendemain, le 27 mai, que le mouvement a reçu l’appui de l’ANTP. « Nous contribuons directement à hauteur de 5 % du PIB et nous transportons les 95 % restants », martèle son président Márcio Lopes. « C’est pourquoi le secteur des transports exige d’être enfin respecté ».

Ultimatum jusqu’au 1er juin


Dès lors, le gouvernement portugais tente de jouer la carte de l’apaisement tout en gagnant du temps. Le secrétaire d’État aux Infrastructures (ministre de tutelle des Transports), Guilherme d'Oliveira Martins, s’est entretenu en début de semaine avec les responsables de l’ANTP, ainsi qu'avec ceux de l’ANTRAM, la principale organisation professionnelle du secteur. Ces réunions n’ont pour l’instant abouti qu’à quelques maigres avancées. « Le gouvernement semble disposé à discuter certaines des demandes de la profession, a indiqué le président de l’ANTP après la rencontre. Il s’est notamment engagé à monter un groupe de travail pour étudier les propositions faites par les transporteurs ». De son côté, l’ANTRAM a donné jusqu’au 1er juin à Guilherme d'Oliveira Martins pour répondre à ses doléances. À la fin de ce délai, et « dans l’éventualité que ses revendications resteraient lettre morte », le syndicat annonce qu’il soutiendra pleinement les entreprises de transport dans leur choix de lancer des opérations de blocage. 

Vers un protocole d'accord ?


Le gouvernement portugais  a présenté aujourd’hui  un protocole d'accord aux organisations du secteur, avec des mesures qui, selon Márcio Lopes, peuvent « s’avérer bénéfiques à moyen terme. Mais rien dans l’immédiat, alors que le secteur nécessite un coup de pouce qui lui donnerait un nouvel élan. Nous allons soumettre ces propositions à nos membres qui décideront ensuite de la marche à suivre ». La poursuite des blocages ou des négociations... L’ANTP, tout comme l’ANTRAM, devraient prendre position d’ici le 4 juin. L'organisation de Márcio Lopes demande par ailleurs aux transporteurs étrangers de respecter les actions qui seront menées et de ne pas tenter de s’y opposer : « Nous voulons éviter toute forme de violence, mais nous ne pouvons pas contrôler tous les citoyens ».

*L’ANTP a été créée lors du blocus des transporteurs en 2008 et représente 7 500 PME et TPE du secteur, ainsi que plus de 300 000 salariés.

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