Pourquoi vous inscrire dans l'utilisation d'un camion porteur fonctionnant à l'éthanol ?
Victor Faramia : Nous avons déjà dans notre flotte de 90 véhicules des camions circulant au gaz et au biocarburant. L'avantage de l'éthanol, c'est qu'on peut l'avoir à disposition directement dans notre entreprise, et ainsi on gère mieux le flux. Économiquement, c'est plus intéressant d’investir dans une station d’éthanol que dans une station de gaz.
Pour Picard Surgelés, quel intérêt de l'éthanol ?
Vincent Prévot : Nous diversifions nos sources d'approvisionnement, entre biométhane et biocarburant. Nous pratiquons un mix énergétique pour pouvoir demain choisir la meilleure solution. Le pétrole unique, comme avant, ce n’est plus la solution unique. Il faudra avoir recours à plusieurs carburants à l'avenir.
Vous devrez choisir en fonction des contraintes imposées par les pouvoirs publics ?
V. P. : Oui. A l'instant T nous ne disposons pas suffisamment de visibilité sur la fiscalité liée à chaque énergie. Vous imaginez bien que pour pouvoir approvisionner nos mille magasins sur la scène internationale, nous avons besoin d'investissements très lourds, au-delà de ceux que l'entreprise Faramia vient de citer. Nos besoins sont multipliés par dix puisque nous avons à peu près une dizaine de partenaires transporteurs sur la partie distribution. Tant que nous n'aurons pas cette visibilité, nous réaliserons des essais pour déterminer le carburant et la technologie de demain.
Vous possédez une grande expérience de la logistique en milieu urbain. Selon vous, l'éthanol présente plus de qualités que le gaz, ou le contraire ?
V. P. : Je répondrais en deux temps. Le premier, c'est le mix énergétique. Ce postulat posé, pour aller plus loin nous avons réalisé des tests sur des biocarburants comme le B30 versus diesel ou versus le gaz. Ils démontrent l'intérêt du gaz, surtout en biométhane. Au-delà des NOx et particules fines, on arrive à une réduction des émissions de CO2 beaucoup plus importantes. C’est notre premier véhicule au bioéthanol, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Mais à cette heure, c'est bien le GNC biométhane qui se distingue.
V. F. : Nous travaillons avec Picard Surgelés depuis trente ans. Ce groupe ne cède pas à un effet de mode. Sa stratégie est de livrer propre, et de choisir l’énergie la mieux adaptée à l’environnement. Il existe la possibilité de rester en croissance dans le meilleur état d'esprit.
Pourquoi Scania, plus qu'Iveco par exemple ?
V. F. : C'est une question de relationnel. Nous connaissons le matériel et nous entretenons une excellente relation humaine avec ce constructeur. Cela relève de la même relation entre Picard Surgelés et NJS Faramia.
V. P. : Sur les véhicules au gaz, deux constructeurs se démarquent, Scania et Iveco. Les autres proposent une technologie moins aboutie. Certains ont pris une orientation initiale sur le gaz destinée aux bennes à ordures plutôt qu’aux véhicules de transport de marchandises. Scania a pris le virage de l’éthanol, et je suppose que, comme pour le gaz, on va assister à l’arrivée de deux ou trois marques leaders, et d’autres suivront.
Ethanol ED95
Le porteur Scania P 280 DB 4x2 est alimenté par de l’éthanol ED95 de deuxième génération. Ce carburant offre l’avantage d’un coût d’exploitation maîtrisé et d’un stockage directement sur le site de l’entreprise. L’éthanol utilisé est produit à partir de résidus de la biomasse et notamment ceux du marc de raisin issu du vignoble local. Ce premier véhicule sera suivi d’autres livraisons à NJS Faramia. Cette collaboration commerciale est le fruit d’un partenariat de long terme entre NJS Faramia, Scania et le fournisseur d’éthanol Raisinor. L’ED95 a en effet intégré la liste des carburants autorisés en France en janvier 2016.
Basée à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), l’entreprise NJS Faramia possède une flotte de 90 véhicules et emploie 140 salariés. Elle livre pour Picard dans toute la France, dans l’agglomération marseillaise mais aussi à Nice et Avignon, ainsi qu’à Cergy-Pontoise et Trappes et région parisienne.
