Il y a trente ans à Tchernobyl : des camions pour l’enfer

Le 25 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en URSS, explosait après qu’un test, réalisé sur l’alimentation électrique de secours, eut été mal conduit. La plus grande catastrophe de l’histoire du nucléaire civil venait de commencer. On connaît la suite.


Trente ans après, la constructeur de camions Kraz, aujourd’hui en Ukraine, a tenu rappeler cet événement, dramatique pour le pays et pour toute l’Europe, avec d’autant plus d’émotion que l’entreprise a été doublement concernée par cette tragédie.


D’abord parce que 300 de ses ouvriers ont été envoyés, dès les premiers jours, au cœur de la zone contaminée. Ils devaient quitter l’usine pour une banale période de formation militaire, ils furent immédiatement affectés dans les unités déployées par l’armée pour évacuer les populations, isoler le périmètre et tenter de maîtriser les conséquences d’une tragédie sans précédent.


Ensuite parce que Kraz, constructeur spécialisé dans les véhicules lourds s’est rapidement trouvé sollicité pour fournir des camions-bennes modifiés, capables d’approcher les bâtiments détruits et irradiés, afin d’en déblayer les décombres, préalable à toute intervention sur le cœur du réacteur. Des hommes devant les conduire, il fallait pouvoir leur procurer une protection contre le formidable rayonnement, invisible et mortel, qui se dégageait de la centrale détruite. Sachant que la meilleure protection – assez illusoire d’ailleurs, compte tenu des niveaux de radiations – était de limiter à un minimum de temps l’exposition des personnels.



C’est ainsi que fut conçu et assemblé en un temps record un lot de 18 porteurs Kraz 256B1 dotés d’une cabine lourdement blindée au plomb. Ces 6x4 à capot, de 22,85 t de PTC et 12 t de charge totale, avaient été débarrassés de leur cellule d’origine, remplacée par une sorte de capsule monoplace construite en acier, avec 30 mm d’épaisseur de plomb au plancher, 25 mm aux parois et 12 mm au pavillon. Pour ces 18 capsules, 60 t de plomb ont été nécessaires, réquisitionnées et acheminées depuis le Kazakhstan.



Le dernier camion fut livré le 27 juin 1986, un mois seulement après la commande initiale. Les travaux de déblaiements terminés, ils ont encore été utilisés pour acheminer des matériaux et du béton sur le site. Personne n’a jamais pu témoigner de l’efficacité des protections imaginées par les ingénieurs de Kraz. Les « liquidateurs » engagés dans cette phase initiale critique étant pour la plupart décédés.



Ironie de l’histoire, 1986 aurait dû être une année de fête pour Kraz qui avait battu un record historique de production avec 30 655 poids lourds fabriqués.

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