Camions géants : le Parlement européen doit voter

Mega truck or euro modular system (EMS) with refrigerated semi-t

Avec l'approbation de ce texte, la circulation de "méga-camions", jusqu'à 60 t selon les standards européens, serait automatiquement autorisée entre États voisins consentants, sur la stricte base de leurs réglementations nationales.

Crédit photo M. Perfectti/Adobe Stock
Le Parlement européen est invité à se prononcer, le 12 mars, sur un projet de révision de la directive Poids et dimension des camions de marchandises. La circulation dans l'UE de "méga-camions", pouvait aller jusqu'à 25 mètres pour 60 tonnes, pourrait être approuvée : le secteur du fret ferroviaire s'alarme de la concurrence de ces titans des routes, à l'unisson d'élus dénonçant leurs dangers pour la sécurité et l'environnement.

Ces camions géants, composés d'un conteneur auquel s'ajoute une remorque, existent dans une poignée de pays (Suède, Finlande, Pays-Bas, Allemagne...), mais leur approbation à travers un texte voté le 12 mars en séance plénière avant des négociations avec les États membres, pourrait doper leur développement.

Des camions jusqu'à 60 tonnes

La révision législative vise d'abord à favoriser l'essor des poids lourds électriques ou à hydrogène, technologies plus lourdes et volumineuses, en relevant à 44 t, contre 40 actuellement, le poids maximal des camions zéro émission circulant entre pays de l'UE.

Les véhicules diesel bénéficieraient aussi de ce relèvement à 44 t jusqu'en 2034, et pourraient même peser davantage si les États entre lesquels ils circulent le permettent pour les opérations de fret intermodal (combinaison train/bateau et route).

Surtout, la circulation de "méga-camions", jusqu'à 60 t selon les standards européens, serait automatiquement autorisée entre États voisins consentants, sur la stricte base de leurs réglementations nationales.

L'intérêt affiché : économiser consommation de carburant et émissions carbone en transportant davantage en moins de trajets. 

Un texte validé mi-février en commission parlementaire Transports au nom du verdissement du fret. "Nous proposons de rationaliser l'usage des méga-camions avec une évaluation de l'incidence sur la sécurité, les infrastructures, l'environnement" et "un label européen", assurait sa rapporteure, l'eurodéputée socialiste Isabel Garcia Munoz.

Une opposition des acteurs du ferroviaire

"Le rail est sept fois plus économe en énergie que la route", rappelle Frédéric Delorme, président de Rail Logistics Europe (SNCF).

"Nous sommes fermement opposés à l'augmentation des poids et tailles des camions non électriques, aux flux transfrontaliers de méga-camions [...] qui circuleraient sans entrave de la Pologne à l'Espagne", lance Sigrid Nikutta, patronne de DB Cargo, géant du fret ferroviaire.

"Cela engorgera nos routes déjà encombrées, mettra sous pression les ponts... L'impact anéantira les gains environnementaux, en encourageant la route même quand le rail est plus efficace et écologique", s'est-elle agacée, arguant que cette compétitivité accrue du transport routier fragilisera immanquablement leur développement.

Débat autour des arguments écologiques

Selon Bruxelles, ce seul texte contribuerait à réduire d'environ 1,2 % les émissions de CO2 du transport de marchandises sur 2025-2050, et ferait économiser 45 Md€ aux transporteurs sur cette période, grâce à des normes harmonisées et au surcroît de volume acheminé par trajet.

Mais, selon le cabinet allemand D-Fine, la législation pourrait détourner vers le transport routier jusqu'à 21 % du fret ferroviaire, entraînant jusqu'à 10,5 millions de trajets supplémentaires en camion par an, soit 6,6 millions de tonnes de CO2 émis en plus. Il pointe aussi le transvasement techniquement compliqué entre méga-camions et trains.

Les infrastructures routières affectées ?

Frédéric Delorme dénonce également "les dangers significatifs des méga-camions pour piétons et cyclistes" : distance de freinage rallongée, difficultés à tourner... À Bruxelles, on objecte qu'ils "ne sont généralement autorisés que sur certains grands axes" hors des villes, avec des technologies obligatoires (freinage, contrôle de stabilité, caméras...).

Reste l'impact de camions alourdis sur les chaussées et ponts : D-Fine prédit 1,15 Md€ de dépenses publiques additionnelles par an pour l'entretien des infrastructures routières, avec "des détériorations disproportionnées : dix camions de 44 t font plus de dommages que quinze de 40 t".

Leurs inquiétudes sont relayées par une soixantaine d'eurodéputés Verts ainsi qu'élus français de tous bords, cosignataires d'amendements pour supprimer les dispositions sur les "méga-camions", qualifiés par l'élu écologiste David Cormand de "massacreurs d'infrastructures".

En commission Transports, le texte a cependant été massivement soutenu par les groupes socio-démocrates, PPE (droite) et Renew (libéraux) à l'exception du Français Dominique Riquet. Le dossier reflétant les sensibilités nationales, "l'équilibre sera précaire" en plénière, reconnaît sa collègue Marie-Pierre Vedrenne.

 

La rédaction (avec l'AFP)

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