Révision des droits de douane : vers un retour du marché chinois aux produits australiens ?

Port de Freemantle

Le ministre australien du Commerce, Don Farrell, s'est entretenu le 26 février  avec son homologue Wang Wentao, en marge de la conférence de l'OMC à Abou Dhabi. Il a obtenu l'assurance que le réexamen des droits de douane imposé depuis 2020 serait achevé en mars. La réouverture du marché chinois serait une bonne nouvelle pour le transport maritime de vrac sec.  

La querelle diplomatique qui oppose Pékin et Camberra depuis 2020 a fait quelques victimes collatérales : suspension des importations de boeuf, les droits de douane prohibitifs sur l’orge, enquêtes commerciales sur le vin, mesures de rétorsions à l'encontre du charbon.

Les produits australiens y ont laissé quelques devises, étant donné la levée de barrières commerciales fortement dissuasives à l'entrée. Le transport maritime de vrac sec en a fait les frais.

Les indélicatesses diplomatiques australiennes à propos de la toute puissance de Huawei sur la 5G et la demande d'une enquête sur les origines du Covid ont froissé le pouvoir central chinois. Depuis, les deux pays sont en froid.

Dans un entretien à la chaîne publique ABC, le 27 février, Don Farrell, ministre australien du Commerce, a affirmé avoir obtenu l'assurance que Pékin achèverait d'ici fin mars un réexamen des droits de douane imposés en 2020.

Wang Wentao, ministre du Commerce chinois "a clairement indiqué que les procédures étaient en cours et que nous obtiendrions un résultat d'ici la fin du mois de mars", assure Don Farrell.

Des droits de douane jusqu'à 218,4 %

Longtemps premier fournisseur de vin en Chine, les droits de douane imposés par Pékin (jusqu'à 218,4 %) ont réduit quasiment à néant les ventes de vins auprès de la seconde puissance économique mondiale. En 2019, la valeur des exportations de vins australiens étaient estimées à 1,2 milliard de dollars australiens, soit 728 M€, contre moins de 10 M€ aujourd'hui.

Après l'annonce par l'exécutif chinois d'une révision de la politique commerciale restrictive à l'égard l'Australie (dont les conclusions doivent être rendues en mars), les ventes de vins australiens sont reparties à la hausse (+ 28 % en volume et 74 % en valeur en décembre par rapport à l'année précédente).

Un retour en arrière impossible

La profession reste lucide. "Le marché chinois a changé de façon significative, on ne reviendra pas à 1,2 milliard de chiffre d'affaires", souligne Lee McLean, président de l'association de producteurs Australian Grape and Wine.

ll fut un temps, pas si lointain, où la Chine faisait figure d’eldorado du marché international du vin, représentant jusqu’à 7 % de la consommation mondiale et des importations en 2017, soit quatre fois plus qu’en 2005. Depuis, avec une taxation aiguë, les rififis diplomatiques, les restrictions sanitaires durant la pandémie et l'économie chinoise affaiblie, les ventes de vin se sont liquéfiées. Selon l’OIV, la consommation a régressé de 16 % en 2022, faisant suite à des reculs de 15 % et de 17 % en 2021 et 2020 respectivement...

"D'abord, quand vous quittez un marché pendant un certain temps, d'autres pays viennent prendre les parts de marché. Ensuite, notre plus grand problème est que, mondialement, les consommateurs boivent moins de vin qu'il y a vingt ans et c'est aussi le cas en Chine", poursuit le président de l'association.

Dans sa dernière communication boursière, en février, Treasury Wine Estates, le premier groupe viticole australien, s'est néanmoins dit prêt à rediriger certains de ces crus réputés de la marque Penfolds vers le marché chinois.

Éviter la dépendance au marché chinois

Vigneronne dans la Mornington Peninsula (Victoria), Nikki Paulun exportait, avant 2020, 200 000 caisses par an vers la Chine, soit 90 % de sa production. Elle a repris langue avec ses clients chinois, mais n'espère plus qu'y retrouver un tiers de son chiffre d'affaires de 2019. 

"Nous avons besoin d'un retour sur le marché chinois d'une certaine façon, mais nous devons nous assurer de ne pas revenir à une trop grande dépendance", avance aussi Tim Mableson, analyste chez KPMG, convenant que le secteur ne pourra pas faire l'économie d'une grande question : la réduction de la production.

Adeline Descamps (avec propos recueillis par Matthieu Verrier)

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