Un marché céréalier "nerveux" face à l'incertitude du corridor ukrainien

Les marchés agricoles sont "à la fois rassurés et déçus" : l'accord russe pour une prolongation du corridor maritime ukrainien a soulagé les opérateurs, mais cette reconduction pour "seulement 60 jours" à ce stade alimente la volatilité des prix.
Les opérateurs "commencent à comprendre que ce n'est pas du tout cuit. Et ils deviennent plus nerveux", résume Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

La dynamique forte de repli des prix des céréales engagée il y a un mois a été stoppée net. Sur le marché européen, la tonne de blé tendre, descendue le 10 mars à son plus bas niveau en 13 mois, s'échangeait mercredi après-midi autour de 268 euros. Le cours du maïs suivait la même tendance, remontant légèrement ces derniers jours, pour atteindre les 264 euros la tonne sur Euronext.

"Le marché est rassuré du maintien du corridor, mais l'inquiétude porte sur la durée. On ne sait pas exactement ce que veulent les Russes, d'où les hésitations des cours" qui varient à la hausse ou la baisse 20 fois dans la journée, a commenté Gautier Le Molgat du cabinet Agritel, soulignant qu'il restait "des quantités importantes de grains à sortir d'Ukraine".

La Russie a proposé lundi 13 mars de prolonger l'accord sur les exportations agricoles ukrainiennes, qui expire le 18 mars, pour 60 jours (contre 120 dans les périodes précédentes), une offre critiquée par Kiev qui y voit une remise en question de l'entente initiale.

"Pas d'autre choix"

Cette "Initiative de la mer Noire" signée entre Kiev, Moscou, l'ONU et la Turquie a permis depuis le 1er août de sortir plus de 24 millions de tonnes de céréales et oléagineux (tournesol) d'Ukraine, limitant l'aggravation de la crise alimentaire qui frappe de nombreux pays importateurs fragiles.

Le texte initial prévoit une tacite reconduction tous les 120 jours. En divisant sa durée par deux, Moscou maintient la pression pour voir améliorer un second accord parallèle pour faciliter ses propres exportations de céréales et d'engrais, indirectement pénalisées par les sanctions occidentales.

La Russie réclame notamment des progrès sur les paiements bancaires, les assurances et l'approvisionnement en ammoniac via l'oléoduc Togliatti-Odessa, selon un négociateur russe.

Pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, la Russie n'aura "pas beaucoup d'autre choix" que de prolonger l'accord, "si elle ne veut pas contrarier des alliés". Notamment la Chine, qui a intérêt au maintien du corridor, étant "un des plus gros clients de l'Ukraine pour le maïs".

L'incertitude sur le corridor et surtout la baisse des cours ont incité les acheteurs à revenir "plus tôt qu'on ne les attendait", relève Gautier Le Molgat : "l'Arabie saoudite, qui avait lancé un appel d'offre pour 480.000 tonnes de blé en a finalement acheté un million, en grande partie russe. L'Algérie a acheté 420.000 tonnes de blé et la Tunisie 234.000 tonnes".

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