Un pneu d'histoire : le Mille Pattes, ou la DS qui maltraitait les pneus poids lourd

Le musée L'Aventure Michelin à Clermont-Ferrand est riche de nombreux véhicules décrivant la longue et riche histoire du manufacturier. Le plus impressionnant et emblématique est sans doute le Mille Pattes, prototype inventé pour tester les pneus poids lourd.

Nous avons profité de notre venue au centre R&D de Michelin à Ladoux (Puy-de-Dôme), pour visiter ensuite l'Aventure Michelin, l'incontournable musée du manufacturier qui prend place au centre-ville, non loin des usines désormais désaffectées. Au cœur de celui-ci est exposé le fameux Mille Pattes. Ce véhicule-laboratoire a été fabriqué pour tester les pneus pour poids lourd au début des années 70.

Mille Pattes Michelin : une très grosse DS ! — La ligne du Mille Pattes Michelin n'a plus rien à voir avec celle de la DS, qui était très fluide. Mais ce n'est pas le but : l'engin de 9 t mesure 7,30 m de longueur et 2,45 m de largeur. Il était propulsé par deux moteurs V8 Chevrolet installés à l'arrière.
Crédit photo : Nicolas Grumel

5 essieux, 11 roues

Sa conception a nécessité deux ans d'études et sa réalisation, un de plus. Sur la base d'une carrosserie de DS, ce monstre, un tantinet difforme quand on se remémore la fluidité du véhicule d'origine, mesure 7,30 m de longueur et surtout, 2,45 m de largeur. Avec une garde au sol constante de 215 mm, son châssis est installé sur 5 essieux (2 à l'avant et 3 à l'arrière). Il devrait donc se mouvoir sur 10 roues, mais une 11e vient prendre une position originale, et c'est là tout l'intérêt du dispositif : en partie centrale à l'intérieur de l'habitacle, est monté dessus le pneu de camion qui doit faire l'objet des essais.

Mille Pattes Michelin : 5 essieux et 11 roues — Dans le Mille Pattes, le pneu camion est installé sur la roue centrale à l'intérieur de l'habitacle. C'est la 11e roue du carrosse ! Le véhicule est en effet posé sur 5 essieux, donc dix roues, et dispose d'une garde au sol constante de 215 mm.
Crédit photo : Nicolas Grumel

Vérin hydraulique

En plus de la vitesse et du freinage, les ingénieurs pouvaient modifier la charge et la dérive de la roue centrale pour tester l'enveloppe en toutes circonstances. Un vérin hydraulique permettait d'appliquer dessus une charge pouvant aller jusqu'à 3,5 t. Des capteurs enregistraient les données qui étaient ensuite analysées en laboratoire.

Deux moteurs Chevrolet

Le véhicule ainsi créé embarquait du matériel encore peu miniaturisé à cette époque, et sa masse de 9 t s'avérait somme toute assez conséquente. Pour que les essais soient poussés au maximum des performances des pneumatiques, le Mille Pattes pouvait atteindre la vitesse de 170 km/h. La propulsion était obtenue à l'aide de deux moteurs Chevrolet 350 V8 installés dans le coffre ! Les transmissions s'effectuant par boîte de vitesses automatique à convertisseur de couple.

Mille Pattes Michelin : tridem arrière — Voilà un étonnant fuselage que celui du Mille Pattes Michelin, dont la motorisation par propulsion était installée à l'arrière, avec deux moteurs V8 destinés à mettre en route l'un ces trois essieux moteurs et l'autre, la roue centrale accueillant le pneu camion sujet du test.
Crédit photo : Nicolas Grumel

Au début des années 80, le Mille Pattes laissa place à d'autres process d'essai, mais il reste un symbole des moyens que Michelin a de tous temps consacrés à l'innovation et au développement.